magazine du château de versailles

Méli-mélo
pour un monument

La salle du Jeu de Paume, tout juste restaurée, comporte une étrange installation qui fait écho au Serment représenté par Luc-Olivier Merson à partir du projet de David. Analyse.

La salle du Jeu de Paume tout juste restaurée. ©EPV / Didier-Saulnier

Inaugurant la salle du Jeu de paume, le 20 juin 1883, le président du Conseil des ministres Jules Ferry s’exclama : « Je félicite l’illustre sculpteur à qui nous devons cette image de Bailly ; M. de Saint-Marceaux a fait beaucoup de belles choses, il n’en a pas fait de plus élevée, de plus noble, de plus touchante. »

La statue de Sylvain Bailly devant le Serment du Jeu de Paume. © EPV / Didier-Saulnier

Originaire de Reims, Charles-René de Paul de Saint-Marceaux (1845-1915) fut apprécié durant la IIIe République et honora de nombreuses commandes publiques1. Pour l’exécution de la statue en marbre de Sylvain Bailly, le sculpteur s’inspira du grand projet du Serment du Jeu de Paume mis au point en 1790 par David. Comme saisi sur le vif, le président de la récente Assemblée nationale lève le bras droit et tient, de sa main gauche, le serment qu’il vient de prononcer. À ses pieds, une pile de documents évoque le cahier de doléances dont il fut l’un des rédacteurs pour le tiers état de Paris.

Le coq gaulois, “promesse d’une société nouvelle, fraternelle et égalitaire”. © EPV / Didier-Saulnier

Environnée de vingt-deux bustes, cette statue est l’élément central d’un étonnant dispositif commémoratif dessiné par Edmond Guillaume. L’architecte conçut un édicule en pierre blanche de Courson qui célèbre, par ses divers éléments, la journée du serment. Deux colonnes en marbre de Rance supportent un fronton triangulaire : ce sont des remplois des pavillons du bosquet des Dômes, dans les jardins, érigés par Jules Hardouin-Mansart et détruits en 1829. Au-dessus de l’inscription « Ils l’avaient juré, ils ont accompli leur serment », est mise à l’honneur la date du 20 juin 1789 d’où émergent des rayons et une étoile, symboles de l’aurore naissante de la liberté.

Le coq gaulois, “promesse d’une société nouvelle, fraternelle et égalitaire”. ©EPV / Didier-Saulnier

Couronnant l’édicule, juché sur un globe orné de feuilles de chêne, le coq gaulois accompagne de son chant matinal la promesse d’une société nouvelle, fraternelle et égalitaire. Sa dépose pour restauration a permis d’apprécier la qualité de la fonte de l’animal, exécutée dans un style naturaliste en bronze doré par Barbedienne, d’après un modèle d’Auguste Nicolas Cain (1821-1894).

Lionel Arsac,
Conservateur du patrimoine au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

1 Notamment le Génie gardant le secret de la tombe (1879), aujourd’hui conservé au musée d’Orsay.


À SUIVRE

À l’occasion de cette restauration, le château de Versailles met en lumière l’histoire complexe du lieu en proposant un podcast inédit. Sous forme de fiction, il retrace la création du musée de la Révolution française en 1883 et le travail du peintre Luc-Olivier Merson chargé par la IIIe République de parachever le projet de David pour orner la salle du Jeu de Paume.


À VOIR

La salle du Jeu de Paume,
1, rue du jeu de Paume, à Versailles

Ouverte en visite libre et gratuite de 12h30 à 18h30 (dernier accès à 17h45) les dimanches 17 avril, 8 mai et 5 juin ainsi que les jeudis 26 mai et 14 juillet.

Renseignements au 01.30.83.78.00

Visites guidées :

  • Le serment du Jeu de Paume : de l’esquisse à la salle
  • Versailles et la République

Renseignements sur le site Internet du château de Versailles

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