Saison angolaise

En 2018, des groupes sculptés intimement liés à l’histoire du château de Versailles sont retrouvés par le conservateur Lionel Arsac dans les jardins de l’ambassade d’Angola, à Paris. De cette découverte sont nées une exposition et une donation inédite, mais aussi et surtout, des rencontres.

Les directeurs de musée venus d'Angola en visite dans l'exposition Chefs-d'œuvre retrouvés avec le conservateur Lionel Arsac. © EPV / Didier Saulnier

Le patrimoine s’est ainsi vu propulsé au cœur des relations diplomatiques entre la France et la République d’Angola alors que s’achevait la saison Africa 2020. De nombreux professionnels et artistes africains avaient été conviés sur le territoire national à cette occasion ; grâce à ces Chefs-d’œuvre retrouvés1, le château de Versailles allait pouvoir à son tour jeter un pont en direction des cultures du continent.

Six directeurs de musée de Luanda, Benguela ou Lunda Norte
Fort du soutien de la Fondation TotalEnergies, rendez-vous est pris début mai 2022 : six directeurs de musée venus de Luanda, mais aussi de Benguela, au Sud, qui abrite le Musée national d’archéologie, ou encore de Lunda Norte à l’Est, connu pour le Musée régional de Dundo, sont invités pour une semaine d’immersion au château. Un programme est spécialement conçu à leur attention, mobilisant un grand nombre de collaborateurs de l’Établissement. Si les parallèles entre, d’un côté, la géologie, l’archéologie, ou encore la question des patrimoines immatériels, et, de l’autre, les collections et l’histoire royale de Versailles ne semblent pas aller de soi, le dialogue se noue ailleurs. Objectif : faire du Château une véritable boîte à outils pour ouvrir de nouveaux horizons, de la gestion des œuvres au développement des réseaux sociaux, en passant par les publics.

La délégation angolaise dans les jardins du château. © EPV / Didier Saulnier

Une confrontation à travers des cas très concrets
Des Arbres admirables de Versailles à celui le plus vénéré d’Angola, et s’il n’y avait qu’un pas ? La description des techniques d’entretien du parc fait ainsi naître l’idée d’une mise en relation avec l’équipe en charge de l’arbre sacré de la cité de Mbanza Kongo, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Face à la logique des expositions temporaires, d’autres s’interrogent sur la possibilité de susciter un désir de culture plus en phase avec la société angolaise contemporaine. Alors que plusieurs directeurs constatent la difficulté d’attirer les jeunes générations dans le domaine du patrimoine, Campus Versailles leur offre un exemple concret de la manière de structurer des filières professionnelles. Enfin, l’Association des résidences royales européennes (ARRE) démontre combien la consolidation des réseaux internationaux est cruciale. Il n’y a pas de doute, après avoir traversé les siècles, Zéphyr et Flore et L’Abondance se sont joué des frontières, ouvrant la voie à des horizons prometteurs.

Amandine Roggeman,
chargée de projet mécénat international au château de Versailles

1 Titre de l’exposition organisée autour de ces deux groupes sculptés, Zéphyr et Flore et L’Abondance, au printemps dernier.

Article publié dans Les Carnets de Versailles n°21 (octobre 2022-mars 2023).

Deux pays africains avec lesquels le château de Versailles a noué des liens particuliers : l’Angola, à travers une donation inédite de deux groupes sculptés, et l’Éthiopie, où l’Établissement apporte son expertise pour l’ouverture du palais d’Addis-Abeba au public. © DR - NASA


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« Opening our eyes », par Louis-Samuel Berger, dans Les Carnets de Versailles n°21 (octobre 2022-mars 2023).


 

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