« Opening our eyes »

Le rayonnement de Versailles touche les pays lointains d’Afrique, jusqu’en Éthiopie : l’expertise du Château est aujourd’hui sollicitée pour l’ouverture au public du palais d’Addis-Abeba. Avec plus de 14 000 m² de surface, des collections variées et des jardins architecturés, le monument a beaucoup à apprendre auprès de son homologue français. Une délégation est venue en mai dernier appréhender les coulisses de Versailles.

La délégation éthiopienne en visite dans l’atelier d’ébénisterie du château. © EPV / Didier Saulnier.

Construit au milieu des années 1950 pour le jubilé d’argent de l’empereur Haïlé Sélassié, le palais du Jubilé – aujourd’hui dénommé palais national – est un lieu symbolique du pouvoir éthiopien qui accueillait, il y a quelques mois encore, la présidence de la République fédérale. Ce lieu historique a connu la déposition du Négus en 1974 avant que le Derg, gouvernement militaire socialiste, le condamne à la fermeture pour plus de deux décennies. Ainsi encapsulé dans son époque, ce palais a conservé intacts ses décors et entières ses collections, une situation unique sur le continent africain.

Un projet de grande envergure au palais d’Addis-Abeba
Décidée à ouvrir les lieux au public, l’Éthiopie a fait appel à la France pour l’aider, par son financement et son expertise, à transformer le palais national en palais-musée. À la demande de la mission Expertise culturelle internationale du ministère de la Culture et en partenariat avec Expertise France1, le château de Versailles est engagé depuis 2020 dans ce projet. Tout est à faire : la restauration architecturale du bâtiment, le projet scientifique et culturel, la muséographie, la création des services concourant à l’accueil du public et, bien sûr, l’institution d’une administration muséale dotée du personnel compétent.

© EPV / Didier-Saulnier

Premiers échanges à Versailles
C’est à ce dernier titre que le château de Versailles a accueilli une délégation de six directeurs de l’administration fédérale des palais éthiopiens pour une formation d’une semaine. L’objectif ? Explorer l’organisation et le fonctionnement au quotidien d’un palais-musée en pleine activité. De nombreuses visites ont ainsi été organisées pour appréhender non seulement le parcours des visiteurs à Versailles, mais aussi « l’arrière-boutique » des services sans qui le public ne saurait être reçu.

Explications apportées par des conservateurs du château de Versailles. © EPV / Didier Saulnier

Les directeurs ont participé à des groupes de travail animés par des professionnels du Château sur les problématiques muséales majeures que sont, notamment, l’enrichissement et la présentation des collections, la politique des publics, l’attractivité d’un site culturel ou encore le plan de gestion environnementale des domaines plantés. Passionnés par l’expérience, les responsables éthiopiens ont été particulièrement intéressés par la complexité, cachée aux yeux du grand public, d’une institution culturelle : schéma de gouvernance, modèle économique, statut juridique. « We are opening our eyes ! » (« Nous ouvrons les yeux ! »), ont conclu les membres de la délégation éthiopienne à l’issue de sept jours d’intenses découvertes.

Louis-Samuel Berger,
administrateur général adjoint de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles

1 Agence publique de conception et de mise en œuvre de projets internationaux de coopération technique.

Article publié dans Les Carnets de Versailles n°21 (octobre 2022-mars 2023).

Deux pays africains avec lesquels le château de Versailles a noué des liens particuliers : l’Angola, à travers une donation inédite de deux groupes sculptés, et l’Éthiopie, où l’Établissement apporte son expertise pour l’ouverture du palais d’Addis-Abeba au public. © DR - NASA


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Saison angolaise, par Amandine Roggeman, dans Les Carnets de Versailles n°21 (octobre 2022-mars 2023).

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