Autour de Latone :
les Marsy à Versailles

Grâce au mécénat de la Fondation Philanthropia, le bassin de Latone retrouve enfin ses couleurs et sa beauté. Retour sur l’œuvre des frères Marsy, sculpteurs auxquels on doit l’un des chefs-d’œuvre de Versailles.

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Bassin des Lézards en eau : détail d’un paysan Lycien en métal doré, par Balthazar Marsy © EPV / Thomas Garnier

Originaires de Cambrai, les frères Gaspard (1624-1681) et Balthazar (1628-1674) Marsy furent formés par leur père sculpteur puis, après leur installation à Paris en 1648, dans les ateliers de Jacques Sarazin, François Anguier, Gérard Van Obstal et Philippe de Buyster. Gaspard Marsy intégra l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1657, Balthazar en 1673. Les deux frères, qui travaillaient ordinairement ensemble, furent présents sur le chantier versaillais à partir de 1664, où, assez rapidement, des commandes majeures leur furent confiées, ce qui devait les placer parmi les sculpteurs les plus prolifiques et les plus talentueux du premier Versailles de Louis XIV. Ainsi, en 1666-1667, ils réalisèrent les éléments en plomb doré des bassins de la Sirène et du Dragon (détruits par la suite), tandis qu’ils reçurent en 1667 la commande d’un des groupes en marbre des Chevaux du Soleil pour la grotte de Téthys (1667-1672), qui avait été primitivement confié au sculpteur Thibault Poissant.

En 1668-1670, ils furent occupés aux bassins de Latone et des Lézards, pour lesquels ils conçurent le groupe en marbre de Latone et ses enfants, un des chefs-d’œuvre les plus célèbres de Versailles, ainsi que dix figures de paysans et dix-huit grenouilles en plomb doré et polychromé. C’est dans cette même technique qu’ils créèrent le groupe de Bacchus ou L’Automne (1672-1675) pour un des quatre bassins des Saisons, et plusieurs figures du bestiaire du bosquet du Labyrinthe (1673-1674 ; détruites par la suite). Entre 1670 et 1673, ils participèrent au chantier de la façade de l’enveloppe de Le Vau : ils y sculptèrent en pierre plusieurs trophées de la balustrade, huit statues des Mois de l’année pour l’attique, vingt-quatre reliefs d’enfants disposés au-dessus des fenêtres du premier étage et, empreints de réalisme flamand, plusieurs mascarons des Âges de la vie à la clef des arcs du rez-de-chaussée. De 1671 à 1679, ils apportèrent une contribution essentielle au décor du grand appartement du Roi au premier étage de l’enveloppe, dont les plafonds des salons de Vénus, de Mars, de Mercure et d’Apollon furent véritablement structurés par leur système ornemental en stuc doré.

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Le sculpteur Gaspard Marsy (1624-1681), peint par Jacques Carré © EPV / Christophe Fouin

Gaspard Marsy réalisa en propre le groupe de L’Amour tirant une flèche de son carquois pour le bosquet du Théâtre d’eau (1672-1673). Après la mort de son frère en 1674, il fut l’auteur d’importantes sculptures : pour les jardins, les statues en plomb des bosquets qui portent les mêmes noms de l’Encelade (1675-1676) et de la Renommée (1676-1680 ; détruite par la suite) et, du côté de la ville, les groupes en pierre de Mars au repos pour le couronnement de la façade du fond de la cour de Marbre (1679) et de La Victoire de France sur l’Empire, placé sur une des guérites de la grille d’entrée (1680-1681). Il participa aussi à la Grande Commande de 1674 pour le parterre d’Eau, pour laquelle il fut le seul sculpteur à être chargé de trois œuvres distinctes : les statues allégoriques illustrant Le Point du jour et L’Heure de midi (1674-1683), ainsi que le groupe, achevé après sa mort par Anselme Flamen, de L’Enlèvement d’Orythie par Borée (1677-1687).

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