magazine du château de versailles

De l’art japonnais
des Chrysanthèmes

Dans le cadre d’un partenariat entre les jardins du château de Versailles et le parc impérial de Tokyo, deux chrysanthèmes géants sont exposés pour la première fois en France, sous le péristyle du Grand Trianon.

Les chrysanthèmes japonais installés au péristyle du Grand Trianon. © Château de Versailles / Didier Saulnier.

Le Grand Trianon accueille cet automne les chrysanthèmes géants du parc impérial japonais Shinjuku Gyoen. Après un voyage de près de 10 000 kilomètres, deux « Ozukuri » seront installés sous le péristyle. Ces deux arbres illustrent la technique ornementale des grands chrysanthèmes dit « Oo-giku », dont le style est rigoureusement codifié et maîtrisé jour après jour par des jardiniers dédiés à cette exceptionnelle floraison. Ils se déploient en effet à partir d’un seul et même pied autour duquel germe une structure en forme de dôme. Les fleurs à l’extrémité des branches sont enserrées dans des cercles concentriques horizontaux et créent, en proliférant, une demi-sphère florale aux dimensions monumentales. Le diamètre de ces œuvres végétales peut atteindre trois à quatre mètres et comporter plusieurs centaines de milliers de fleurs à son sommet !

Une bouture de chrysanthème. © Château de Versailles / Christian Milet.

Les chrysanthèmes viennent d’Asie. Les boutures rapportées de Chine et du Japon en Europe par le botaniste Carl von Linné, séduit par la beauté particulière de cette fleur, ne furent introduit dans les jardins français qu’à partir du XVIIIe siècle. Dès lors, la production s’intensifie, de reproduction en croisement naît une multitude de variétés colorées. Mais peu à peu, le chrysanthème est associé au deuil. À la fin de la première guerre mondiale, le Président Poincaré exige qu’il orne les monuments aux morts pour la France. On l’appelle aussi la « fleur des veuves », en référence aux femmes de soldats qui allaient fleurir les tombes de leurs maris. Elle devient le symbole de la Toussaint. Cette exposition inédite nous fait pénétrer dans une tradition tout à fait différente. Emblème impérial, comprenant, lorsqu’il figure à la cour toujours le même nombre de pétales, le chrysanthème, du Japon, n’évoque pas la mort mais au contraire la joie et l’éternité. On lui attribue la capacité de rendre la vie plus belle et longue, symbolisée par sa floraison tardive et colorée. En 1900, les « ozokuri » qui devaient être présentés à l’Exposition Universelle de Paris n’avaient pas résisté à un long voyage en mer. Aujourd’hui, au Grand Trianon, ils marquent le 90e anniversaire du partenariat culturel franco-japonais inspiré par Paul Claudel, « l’ambassadeur-poète » qui voulait renforcer la connaissance mutuelle entre les deux pays.

Lucie Garillon

Exposition en partenariat avec le parc impérial Shinjuku Gyoen de Tokyo.

Les chrysanthèmes japonais au Grand Trianon (détail). © Château de Versailles / Didier Saulnier.


Tokyo et Versailles cultivent ensemble leurs Jardins

Les premiers échanges entre le château de Versailles et le parc impérial du Shinjuku Gyoen remontent à l’Exposition universelle de Paris en 1900, lorsqu’Hayato Fukuba, responsable du parc impérial, présente pour la première fois des chrysanthèmes géants. Lors de son séjour en France, le paysagiste japonais observe avec intérêt les formes symétriques conçues par André Le Nôtre dans le parc du Château de Versailles. Henri Martinet, intendant des jardins de Versailles à cette époque, dessine alors un canevas de parterres à la française, situé dans la partie occidentale du grand parc du Shinjuku Gyoen. Aujourd’hui le partenariat établi entre le Château et le parc impérial vise à renforcer et à perpétuer l’art du jardin à la française grâce aux échanges entre jardiniers français et japonais. Le Château s’est ainsi engagé dans la restauration de la partie française du Jardin de Shinjuku Gyoen à Tokyo.


INFOS PRATIQUES

Fleurs impériales au Grand Trianon
Du 1er au 15 novembre 2014.
Grand Trianon (Péristyle)

Horaires : Tous les jours sauf le lundi, de 12 h à 17 h 30. Fermeture des caisses à 16 h 50.

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