Au bonheur des fleurs

Durant l’été 2013, les jardiniers restitueront un fleurissement historique des parterres de Trianon. En écho, une exposition au Grand Trianon dévoile les fleurs rares et autres joyaux
de la collection des vélins du Museum d’Histoire naturelle,
initiée par Louis XIV et son oncle Gaston d’Orléans.

© EPV / Christian-Milet

« Tous les parterres changeaient tous les jours de compartiments de fleurs, et j’ai vu le roi, toute la cour, les quitter à force de tubéreuses dont l’odeur embaumait l’air ». C’est par ces mots que le duc de Saint-Simon décrivait les jardins de Trianon, essentiellement faits pour le plaisir des sens. Créés en 1670 par Claude Le Bouteux, un neveu de Le Nôtre, lors de la construction du Trianon de porcelaine, remaniés par Mansart à la fin du règne de Louis XIV, ces jardins étaient plantés de fleurs poussant dans des pots, afin que le roi « ait des fleurs pendant tout l’hyver ». Jardin de luxe à coup sûr, les espèces provenaient de toute  la France, tubéreuses et orangers de Provence, jonquilles et anémones, jacinthes et « cyclamens de Saint-Claude », mais aussi de l’étranger, de Hollande, comme les tulipes, dont Colbert supervisait le transport. Sans omettre les lys royaux, qui conféraient leur teinte blanche à ces jardins tricolores, couleurs du roi et de la Vierge. À cela s’ajoutaient les orangers plantés en pleine terre du côté du Grand Canal ou en pots dans les jardins. Cet esprit perdura au XVIIIe siècle lorsque Louis XV fit tracer le Jardin français qu’il orna de reine-marguerite, fleur nouvelle à l’époque, avant qu’il ne se tournât vers la botanique, et que la reine Marie-Antoinette ne conférât une nouvelle tournure aux jardins du Petit Trianon en s’inspirant des jardins à l’anglaise.

Fraxinelle, par Abraham Bosse ; extrait d'un recueil de gravures du XVIIe siècle, Les Plantes du Roi. © EPV / J.-M. Manaï

Cette exposition évoquera aussi bien les essences qu’on trouvait dans les massifs, en particulier grâce à une quarantaine de vélins de la collection du Muséum d’Histoire Naturelle, certains peints par Nicolas Robert et par Aubriet, peintres naturalistes parmi les plus fameux. Anémones, renoncules, œillets, narcisse, campanules, lys, tulipe, dont l’étonnante « tulipe détestable », répondront ainsi en écho aux peintures des Trianon, ces palais de campagne ornés de tableaux inspirés des Métamorphoses d’Ovide. Des ouvrages d’horticulture des XVIIe et XVIIIsiècles, des plans et des vues anciennes des jardins de Trianon, des peintures de dames de la Cour représentées en femmes-fleurs, telles que les affectionnait l’Ancien Régime, compléteront cette exposition où l’esprit de Trianon renaîtra aussi grâce aux plantations des massifs, réalisées au plus près des documents et du tableau de Cotelle. « Ils admirèrent fort la manière de parfumer avec les fleurs », écrivait le Mercure galant en novembre 1686 à propos des ambassadeurs du Siam venus visiter Trianon. Voici ces jardins rendus cet été aux fleurs qui faisaient se pâmer princesses et diplomates.

Jérémie Benoît,
Conservateur au château de Versailles et commissaire de l’exposition

Exposition organisée grâce à la participation exceptionnelle du Muséum national d’histoire naturelle.

Marie-Madeleine de La Vieuville, comtesse de Parabère (1693-1755), par Jean-Guillaume-Elzidor Naigeon, 1842, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin


À VOIR

Fleurs des collections royales. Peintures, velins et parterres
Du 2 juillet au 29 septembre 2013
Grand Trianon,  galerie des Cotelle, Salon des jardins

horaires : 12h-18h30, dernière admission 18h


À LIRE :

Catalogue de l’exposition Fleurs du Roi,
96 pages, 60 illustrations
Éditeur : Éditions Artlys
Prix de vente : 25 €
Parution : juillet 2013

 

 

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