animal politique

Dans les décors du château de Versailles, résidence du pouvoir, l’animal est investi de significations politiques. Il symbolise partout la grandeur du Roi.

Alexandre domptant Bucéphale, par François Girardon et Jean Dedieu, 1685. Versailles, fronton du manège de la Petite Écurie, façade vers la Maréchalerie. © Château de Versailles / Christophe Fouin.

Sous toutes ses formes, l’animal, si présent à Versailles, devait servir de source d’inspiration aux artistes qui en élaborèrent les décors. Les deux groupes sculptés par Gaspard Marsy et François Girardon pour symboliser, à l’entrée du château, les victoires de la France sur le Saint-Empire et sur l’Espagne sont flanqués chacun de leur animal héraldique, l’aigle et le lion. Ces animaux vaincus se retrouvent à l’intérieur du palais, sur la voûte de la Grande Galerie, où ils voisinent avec le léopard britannique. Peint là aussi par Charles Le Brun, l’aigle sert à magnifier Louis XIV, nouveau Jupiter, lorsqu’il s’empare de la ville de Gand. Sous cette même voûte, pilastres et colonnes sont couronnés de chapiteaux de l’ordre français où Le Brun a placé, à l’aboutissement des volutes, le motif du coq. C’est le symbole, selon Claude Nivelon, biographe du premier peintre du Roi, de la « nation gallique, aussi belliqueuse qu’elle est vigilante et active ».

Cygnes, grenouilles et serpents à la gloire du dieu Apollon
Dans les jardins, les animaux servent le mythe d’Apollon. Ainsi, sur la principale perspective, le bassin de Latone met en scène un épisode, relaté par Ovide : la métamorphose des paysans de Lycie, hostiles à Latone et à ses deux enfants, Apollon et Diane, en inoffensifs batraciens. Dans la partie nord des jardins, le bassin du Dragon, œuvre des frères Marsy, illustre la victoire du dieu sur Python que cernent quatre cygnes, chevauchés chacun par un enfant tirant une flèche sur le monstre.
Enfin, le bassin des Cygnes, dit ensuite d’Apollon, montre, à l’extrémité du Tapis vert, le char du dieu tiré par quatre magnifiques chevaux. Pyroïs l’Ardent ou l’Indomptable, Éoüs l’Oriental, Aéthon le Brûlant ou le Rapide, et Phlégon le Brillant ou l’Étincelant – pour reprendre les désignations données par le livre II des Métamorphoses d’Ovide – doivent leur fougue au sculpteur Jean-Baptiste Tuby.

Le cheval, animal souverain par excellence
Plus que tout autre animal, le cheval est associé au pouvoir souverain, solaire et bienfaisant. Les quatre chevaux du char d’Apollon se retrouvaient aussi sculptés, en deux groupes séparés, pour la grotte de Téthys, à l’emplacement de l’actuel vestibule de la Chapelle. « Les coursiers de Phébus, aux flambantes narines », comme les désigne Jean de La Fontaine1, illustrent le déchaînement des pulsions : soif à étancher immédiatement dans celui de Gilles Guérin, désir irrépressible de liberté dans celui des frères Marsy. Le cheval est la seule monture que le souverain peut chevaucher. Au salon de la Guerre, en un grand médaillon de stuc, Antoine Coysevox a ainsi représenté Louis XIV foulant ses ennemis terrassés. Au fronton arrière de la Petite Écurie, Girardon a sculpté Alexandre domptant Bucéphale, ce dernier représenté deux fois, comme en une vision cinétique de la maîtrise du cheval, indispensable faire-valoir du héros antique auquel Louis XIV prenait plaisir à s’identifier.

Alexandre Maral,
conservateur général au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

1 Dans Les Amours de Psyché et de Cupidon.


L’exposition Les Animaux du Roi, vaste bestiaire
Il faut imaginer le château et ses jardins peuplés de milliers d’animaux. Ceux de compagnie se comptaient par dizaines dans les appartements des princes et jusqu’aux antichambres des rois, encombrées de niches. Braques, épagneuls, carlins, les chiens étaient les premiers compagnons des habitants du palais. Plus de trois cents logeaient dans le grand chenil pour la chasse. L’intérêt pour les chats a plutôt commencé avec Louis XV qui installa un carreau de velours rouge pour Brillant, son chat angora blanc, sur la cheminée du cabinet du Conseil. Quant aux perroquets, on n’omettait pas de les représenter dans de nombreux portraits d’enfants. Sans oublier les deux mille chevaux logés dans les écuries et des animaux plus rares réunis à la ménagerie, comme l’éléphante offerte par le roi du Portugal à Louis XIV et qui vécut treize ans à Versailles.
L’exposition Les Animaux du Roi fait revivre ce fantastique bestiaire à travers peintures, sculptures, tapisseries, porcelaines et autres objets issus d’une cinquantaine de collections françaises et internationales (musée du Louvre, Museum d’Histoire naturelle, musée de la Chasse et de la Nature, musée des Offices de Florence, Musée d’histoire naturelle de l’Université de Pavie, etc.). Elle propose, pour la première fois, une évocation du bosquet du Labyrinthe, démantelé en 1775, à travers les animaux en plomb illustrant les fables d’Ésope qui ont pu être conservés.

L’exposition bénéficie du mécénat de Free – Groupe iliad
et du soutien de Van Cleef & Arpels.

Trois chiens devant une antilope, par Jean-Baptiste Oudry, 1745. Irlande, Russborough House, Collection Sir Alfred Beit Foundation. © Irlande, Russborough House / © Alfred Beit Foundation.



À VOIR

Exposition Les Animaux du Roi
Jusqu’au 13 février 2022
Château de Versailles
Salles d’Afrique et de Crimée

Horaires : Tous les jours, sauf le lundi : 9h-17h30 (dernière admission à 17h).

Billets : Accessible avec le billet Passeport, le billet Château, ainsi que pour les bénéficiaires
de la gratuité.
Réservation horaire obligatoire.

Gratuit et illimité avec la carte « 1 an à Versailles ».

COMMISSARIAT

Alexandre Maral, conservateur général au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, en charge des sculptures, directeur du Centre de Recherche du château de Versailles
Nicolas Milovanovic, conservateur en chef au musée du Louvre, responsable des peintures françaises du XVIIe siècle

Scénographie : Guicciardini & Magni Architetti

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Visites guidées de l’exposition
Sur réservation par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne sur chateauversailles.fr

Visites en famille
Plusieurs activités pour les familles sont proposées.

Deux parcours audio, adultes et enfants, à télécharger gratuitement sur l’application mobile : onelink.to/chateau

Programmation spécifique pour les abonnés « 1 an à Versailles »

À LIRE / À ÉCOUTER

Le catalogue de l’exposition
Coédition château de Versailles /
éditions Liénart. 464 p., 23 × 29 cm.
Prix : 49 €.
Disponible sur boutique-chateauversailles.fr

Un livret-jeu gratuit pour les 8-12 ans, conçu en partenariat avec Paris Mômes disponible sur chateauversailles.fr

Un album audio, Les Animaux de Versailles, disponible sur lunii.fr

Un podcast enfant, Pas de flan pour l'éléphant, accessible gratuitement sur chateauversailles.fr

 

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