magazine du château de versailles

Opéra olympique

À l’approche des Jeux, quel meilleur clin d’œil pour Versailles qu’un opéra racontant la période olympienne en Grèce antique, et célébrant, par sa virtuosité technique, l’héroïsme des athlètes. Christophe Rousset, claveciniste et chef d’orchestre, prépare avec passion L’Olimpiade, livret de Pietro Metastasio, qu’il donnera à l’Opéra royal le jeudi 16 mai 2024 avec Les Talens Lyriques, son propre ensemble depuis 1991.

Christophe Rousset © Nathanaël Mergui

Mis en musique par une myriade de compositeurs au XVIIIe siècle, et plus connu dans sa version vivaldienne, cet opéra rendra hommage à l’œuvre musicale de Cimarosa, exceptionnelle et singulière dans la vocalité qu’elle demande. Qu’évoque-t-elle pour vous ?

Quand il m’a été proposé par Château de Versailles Spectacles de jouer cet opéra, j’ai tout de suite été très enthousiaste. C’est une œuvre que j’avais en tête de travailler un jour, tellement j’avais apprécié l’écouter. Elle est pour moi d’une beauté remarquable. De plus, Les Talens Lyriques s’étant spécialisés dans la musique du XVIIIe siècle, l’œuvre de Cimarosa est en parfaite adéquation avec le style et l’esthétique napolitaine que nous connaissons bien, et que nous avons beaucoup joués en concert, sur scène ou en disque.

Comment décririez-vous la virtuosité de L’Olimpiade ?

Il s’agit d’une virtuosité vocale, qui est demandée à presque tous les rôles, ce qui donne un aspect athlétique à l’œuvre tout entière, en écho au thème des épreuves olympiques. Il n’y a que des voix hautes : deux ténors, deux mezzos et deux sopranos, avec des notes suraiguës comme les contre-fa que l’on entend dans l’air de la Reine de la Nuit de La Flûte enchantée de Mozart, et même un exceptionnel contre-sol ! Ces tessitures extrêmes constituent beaucoup d’enjeu pour les chanteurs, qui doivent également allier leur voix aux instruments. L’orchestre que je dirige doit donc soutenir un effort athlétique, hors du commun, qui pourrait tout avoir d’une épreuve des Jeux. Enfin, il y a un passage exceptionnel de dialogue entre le hautbois et la voix, presque en concerto, que je trouve tout à fait remarquable.

L’opéra italien laisse-t-il de la place à l’interprétation pour mettre en lumière les émotions et sentiments de L’Olimpiade ?

Là où Bach − par exemple − ne laisse que très peu de place à l’interprétation, l’opéra italien, lui, donne une certaine liberté. Ce qui est écrit est contraignant, certes, mais il y a de la place dans les cadences ou encore dans les ornements, pour parvenir aux sentiments les plus intenses : c’est un vrai terrain de jeu ! Dans le drame de L’Olimpiade, où des conflits amoureux entrent en jeu, la palette de sentiments est très riche : passion, colère, jalousie, désespoir, trahison et tant d’autres s’entremêlent. Plus il y a de couleurs, plus la musique les sublime. Les chanteurs s’expriment alors au mieux pour captiver l’attention du public.

Quel est votre lien avec Versailles ?

La première fois que je m’y suis rendu, pour écouter un opéra de Rameau, j’avais été fasciné par la magie du lieu. J’y suis revenu avec les Arts Florissants quand j’ai joué du clavecin pour Atys, puis souvent avec les grandes journées du CMBV, et avec CVS, notamment pour des enregistrements. Peut-être serais-je bientôt un habitué des lieux. C’est toujours un enchantement pour nous et pour le public d’être dans un bel endroit qui nous fait voyager. J’ai hâte d’y revenir !

 

Propos recueillis par Camille des Monstiers.


Cimarosa : L’Olimpiade
Jeudi 16 mai 2024 | Opéra royal

Distribution

Opéra en deux actes sur un livret de Pietro Metastasio, créé à Vicence en 1784.

Josh Lovell | Clistene

Rocío Pérez | Aristea

Marie Lys | Argene

Maite Beaumont | Megacle

Mathilde Ortscheidt | Licida

Alex Banfield | Aminta

Les Talens Lyriques

Christophe Rousset | Direction

Concert en italien surtitré en français et en anglais.

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