Stefan Plewniak,
un violon pour guider un orchestre...

Avec une extraordinaire virtuosité et une maîtrise impeccable, c’est ce violoniste-soliste, installé au cœur de l'orchestre de l’Opéra royal, qui a dirigé Les Quatre Saisons et les Concerti Di Parigi de Vivaldi, grâce à l’infinité de nuances et de couleurs née de ses quatre cordes. Stefan Plewniak, chef d’orchestre et violoniste hors pair, accompagnera Sonya Yoncheva dans un programme Haendel, ce lundi 7 novembre...

© Pascal Le Mée

Vous venez régulièrement à Versailles depuis 2019, année où l’orchestre de l’Opéra royal a été créé, vous avez participé à l’enregistrement de disques sortis dans le cadre du label discographique Château de Versailles Spectacles, et vous venez remarquablement encore de présenter un concert sensationnel. Comment êtes-vous devenu l'une des pierres d’angle de l’Opéra ?  

Stefan Plewniak : J’ai grandi en ayant toujours été fasciné par la musique. Ma mère était une soprano qui avait chanté tous les rôles de soliste principaux. De mes yeux émerveillés et avec mon intelligence d’enfant, je comprenais et ressentais très puissamment l’émotion de la scène et de la musique. Je connaissais tous les airs d’opéra que j’écoutais depuis les coulisses, j'admirais ma mère applaudie et gâtée de bouquets de fleurs, et je goûtais inlassablement à cette magie euphorique. J’ai donc voulu explorer, moi aussi, ce monde si attirant, en suivant toutes les formations de musique classique et en commençant le violon. Puis, au cours de mon parcours, il y a maintenant quinze ans de cela, j’ai joué pour la première fois à Versailles au sein d’un orchestre à l’Opéra. Ce sont des souvenirs mythiques. C’est alors que je me suis mis à rêver de revenir dans ce cadre sublime. Je suis allé rencontrer le directeur dans son bureau, sans rendez-vous, dossier et disque en poche, pour demander directement à travailler ici. Cette démarche impromptue m’a permis, deux ou trois ans plus tard, d’être recontacté et de voir ce rêve se réaliser, grâce à Jean-Christophe Cassagnes notamment. J’ai aujourd’hui la chance de travailler avec le jeune orchestre de l’Opéra royal, qui rassemble de nombreux talents et qui semble déjà avoir un avenir très prometteur…

© Pascal Le Mée

 

 

© Pascal Le Mée

Qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur quand vous dirigez un orchestre et quand vous vivez cette passion pour la musique ?

Stefan Plewniak : Ce qui compte avant tout, c’est de partager la magie musicale et de faire réaliser aux autres membres de l’orchestre la joie qui en résulte − d’être musicien. En effet, j’avais été parfois déçu de ressentir l’esprit uniquement compétitif de certaines écoles de musique : je n’y trouvais pas l'extase et l’amour de la musique que j’étais venu y chercher. Bien plus tard, en jouant dans un bar avec un groupe de musique tsigane, j’ai pu réellement goûter à la vraie musicalité et à la vraie joie qui m’attiraient depuis toujours, et à la rencontre très proche avec le public. Le rythme, la sensibilité, la force… tout s’y retrouvait harmonieusement. Ce qui me tient le plus à cœur, depuis cette expérience, c’est d’imprégner la musique classique de cette même énergie. Il faut, selon moi, parvenir à sortir du cadre trop précis des partitions, car celles-ci ne sont qu’une source, pour nous musiciens, pour décoder tout le génie et toute l’interprétation que le compositeur voulait exprimer en compromis sur son papier. S’exprimer librement. Mettre davantage de cœur. Après tout, le véritable travail est de savoir transmettre au public ces émotions envoûtantes. Nous sommes là pour donner, et lui, pour recevoir !

 

 

© Pascal Le Mée

Vous êtes connu pour diriger l’orchestre tout en jouant du violon parmi les musiciens, et vous revenez d’ailleurs plusieurs fois à la saison prochaine avec cette touche personnelle. Quelle en est sa force ?

Stefan Plewniak :

J’ai toujours été inspiré par des chefs d’orchestre qui avaient la particularité de toucher le cœur des musiciens en peu de temps, ce qui permettait de transformer l'orchestre en y apportant une teinte de magie. Je m’inspire notamment de Claudio Abbado, qui conduisait toutes ses pièces par cœur et qui pouvaient ainsi se dédier entièrement à ses musiciens et servir la beauté sans faille de la musique. Je pense aussi au chef de l’orchestre philharmonique de Paris, Klaus Mäkelä, qui a selon moi métamorphosé l’orchestre avec une virtuosité indéniable. Transmettre les émotions de la musique avec des mots n’est pas chose aisée. La parole est trop limitée, n'exprime pas toutes les couleurs musicales et peut s’interpréter trop différemment d’un musicien à l’autre. À ma manière, donc, j’essaie de transmettre le plus de choses à mon orchestre en jouant avec eux. Ainsi, je ne suis pas leur chef mais leur partenaire, et je prends part à l’équipe. Cette façon de les guider est bien plus puissante car ils peuvent tout entendre et tout ressentir à travers le violon. Pour jouer les Concerti Di Parigi et Les Quatre Saisons samedi, j’étais donc parmi les musiciens de l’orchestre. Ce sera également le cas pour la saison 2022-2023, quand j’accompagnerai le sopraniste Samuel Mariño, ou encore le contre-ténor Jakub Józef Orliński. Je reviendrai notamment le 7 novembre pour un récital avec la soprano Sonya Yoncheva dans la galerie des Glaces…

Propos recueillis par Camille des Monstiers

 


Concerti Di Parigi et Les Quatre Saisons de Vivaldi

Production Les Productions de l'Opéra Royal

Orchestre de l’Opéra Royal

Sous le Haut Patronage de Aline Foriel-Destezet

Stefan Plewniak, Violon solo et direction

Le CD - 12 Concerti Di Parigi d’Antonio Vivaldi, enregistré avec Stefan Plewniak et l’orchestre de l’Opéra royal dans le cadre du label discographique Château de Versailles Spectacles, est disponible ici.

 


Recital Sonya Yoncheva - 7 novembre 2022

Sonya Yoncheva, Soprano

Orchestre de l’Opéra Royal

Sous le haut patronage de Aline Foriel-Destezet

Stefan PlewniakDirection

 


Les Trois Contre-ténors / Le Retour ! – 13 mars 2023

Samuel Mariño, Eric Jurenas et Siman Chung, Contre-ténors

Orchestre de l’Opéra Royal

Sous le haut patronage de Aline Foriel-Destezet

Stefan Plewniak,  Direction

 


Récital Samuel Mariño, sopraniste - 20 mars 2023

Orchestre de l’Opéra Royal

Sous le haut patronage de Aline Foriel-Destezet

Stefan Plewniak, Direction

 


Récital Jakub Józef Orliński : Heroe ! - 3 avril 2023

Jakub Józef Orliński, Contre-ténor

Il Giardino d’Amore

Stefan Plewniak, Direction

 

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