« Ce sont
mes chevaliers ! »

En 2020, Marie Perbost triomphait aux Victoires de la musique classique dans la catégorie « Artiste lyrique ». La soprane est attendue en novembre à Versailles, dans l’un des rôles-titres de Richard Cœur-de-Lion de Grétry (1741-1813), un opéra-comique célébrissime au XVIIIe siècle, qui puise dans la légende de la captivité du roi Richard Ier d’Angleterre.

Richard Cœur-de-Lion, en 2019, à l'Opéra Royal dont c'est la première production intégrale. © Agathe Poupeney.

Ce spectacle est une création 2019 de l’Opéra Royal de Versailles. Que vous inspire sa reprise en 2021 ?

Marie Perbost : Richard Cœur-de-Lion est un spectacle dont je suis très fière. C’est une belle alliance entre l’art lyrique et le divertissement. La mise en scène et les décors sont sublimes, les péripéties sont exaltantes, on frémit vraiment lors des combats d’épées, des vraies !

© Agathe Poupeney.

J’ai un souvenir incroyable de la première représentation publique, en 2019. Le spectacle était filmé ce soir-là par France.tv. Trois minutes avant de commencer, j’apprends que la danseuse avec laquelle je partage une scène est malade. Déjà résolue à chanter seule cette scène que j’avais répétée pendant plus d’un mois et demi, j’ai entendu une petite voix me dire : « Je veux bien essayer, moi, si cela ne vous dérange pas. » Cette petite voix, c’était celle d’une autre danseuse qui proposait d’improviser avec moi, pour sauver le spectacle. Elle l’a fait avec beaucoup de grâce. Cet esprit de troupe, je suis heureuse de le retrouver avec l’équipe qu’Hervé Niquet a fédérée autour de ce spectacle.

Marie Perbost en comtesse dans Richard Coeur-de-Lion, à l'Opéra Royal. © Agathe Poupeney

Vous incarnez deux personnages dans Richard Cœur-de-Lion. Quelles contraintes implique le double rôle ?

M. P. : J’interprète deux personnages aux antipodes de l’échelle sociale : la comtesse Marguerite d’Artois, amoureuse du roi Richard, et Antonio, un modeste garçon, tout à fait charmant. Imaginez donc le changement de costume, de perruque et de maquillage. Une vraie métamorphose qui doit se réaliser en moins d’une minute, à trois reprises dans le spectacle ! Quelle émotion d’entrer sur scène dans le costume spectaculaire de la comtesse, en clamant d’un air majestueux : « Ce sont mes chevaliers ! », quand quelques secondes plus tôt, on était en petite tenue, derrière le rideau. C’est là toute la prouesse des professionnels de l’ombre, qui travaillent en coulisses et qui permettent à l’opéra d’être aussi merveilleux.

Marie Perbost. © Pauline Darley.

Que représente pour vous la scène ?

M. P. : La scène est l’endroit où j’ai le plus intensément le sentiment de vivre. La période que l’on traverse nous a montré combien elle était essentielle à nos métiers du spectacle et combien une caméra ne remplacera jamais le public. C’est pour ce que je vis sur scène que j’ai décidé de faire ce métier. La musique, bien sûr, s’est imposée à moi avant cette prise de conscience, car la pratiquer, c’était tout simplement adopter le langage familial. Mais j’ai le souvenir très précis de ce jour où, alors que j’étudiais l’histoire de l’art, j’ai compris que c’était devant un public que j’aimais le mieux être. Je présentais un exposé sur un tesson antique et j’ai senti que ce contact avec mes auditeurs, cette séduction, cette envie de faire rire ou s’émouvoir, était tout ce qui me faisait vibrer. Aujourd’hui sur scène, j’ai ce plaisir intense de partager ce que d’autres ont écrit, composé, imaginé, avec un public qui n’attend rien de plus simple : qu’on lui donne tout.

Propos recueillis par Clotilde Nouailhat

Richard Cœur-de-Lion à l'Opéra Royal, en 2019. © Agathe Poupeney


À VOIR ET ÉCOUTER

André Grétry (1741-1813)
Richard Cœur-de-Lion

Opéra-comique en trois actes sur un livret de Michel-Jean Sedaine créé à Paris en 1784

Du jeudi 11 novembre au dimanche 14 novembre 2021, à l'Opéra Royal

1h20, sans entracte

Distribution

Rémy Mathieu Blondel
Pierre Derhet Richard
Melody Louledjian Laurette
Marie Perbost Antonio, La Comtesse
Geoffroy Buffière Sir Williams
Jean-Gabriel Saint-Martin Urbain, Florestan, Mathurin
François Pardailhé Guillot, Charles
Cécile Achille Madame Mathurin
Charles Barbier Sénéchal
Laura Jarrell Colette
Virginie Lefèvre Béatrix

Le Ballet de l’Opéra Royal
Le Concert Spirituel Chœur et orchestre
Hervé Niquet Direction
Marshall Pynkoski Mise en scène
Jeannette Lajeunesse Zingg Chorégraphie
Antoine Fontaine Décors
Camille Assaf Costumes
Hervé Gary Lumières
Dominic Who Régleur de combats

Spectacle en français surtitré en français et en anglais

 

MOTS-CLÉS