Lumière sur Chimay

Il n’y avait toujours pas d’éclairage électrique ! Des travaux d’aménagement, mais aussi un nouveau parcours de visite permettent d’apprécier dans de bien meilleures conditions cette partie du dernier étage du Château consacrée aux petits et moyens formats de la collection napoléonienne.

Torchères et girandoles en attente lors du réaménagement de l'attique Chimay. © Château de Versailles / Thomas Garnier.

Après cinq ans de fermeture due aux travaux sur le corps central du Château, suivis d’une reprise des toitures, l’attique Chimay est enfin de nouveau accessible. Pourquoi ce nom, donné par Louis-Philippe lui-même, lorsqu’il décide, dans les années 1840, d’investir le second étage du palais ? Serait-il lié à la princesse de Chimay, dame d’honneur de Marie-Antoinette, qui aurait occupé les lieux, non loin des appartements de la Reine, juste avant la Révolution ? Toujours est-il que le roi citoyen fit, dans cette partie des attiques, décloisonner les appartements de courtisans pour obtenir une série de grandes salles de musée, éclairées par des verrières, afin d’y installer des portraits de son règne. Sur les conseils de son architecte, Frédéric Nepveu, il fit créer un escalier digne de ce nom à partir du palier de l’escalier de la Reine, au premier étage. Dans une continuité parfaite, ce nouvel accès reçut un somptueux décor de stuc imitant les marbres du Grand Siècle.

Des campagnes de travaux successives sur fond de tentures vintage

La présentation actuelle de ces collections est un héritage de la seconde moitié du XXe siècle, avec une inauguration en 1958, et une autre en 1986, après quelques transformations dans le cadre des travaux menés à la suite de la loi-programme de 1978. Ceux qui viennent d’être menés ont entraîné quelques nouvelles modifications architecturales, imposant le remplacement des tentures des espaces d’entrée et de circulation. Partout où cela était possible, nous avons maintenu ces tissus des années 1980 qui, eux-mêmes, reprenaient ceux des années 1950 : des toiles de coton imprimées, fabriquées et offertes à l’époque par la maison Taco de Mulhouse, reproduisant les tentures – et bordures assorties – commandées par Napoléon pour Versailles

Cet ensemble en bon état, voire impeccable, a aujourd’hui un charme vintage très apprécié. Les nouvelles tentures, en revanche, ont été choisies unies et de couleurs soutenues.

Installation des tableaux dans les galeries de l'attique Chimay. © Château de Versailles / Didier Saulnier.

Les vertus de l’éclairage

La vraie nouveauté consiste dans l’éclairage électrique – projecteurs sur rails enchâssés dans les plafonds ; il n’y avait rien jusqu’alors ! –, qui change tout à fait le rapport entre contenant et contenu, les œuvres prenant désormais le pas sur le décor. Les grands tableaux de bataille, fourmillant de détails, sont, notamment, beaucoup plus visibles. Des portraits de toute beauté et des chefs-d’œuvre déjà très connus révèlent toute leur subtilité. Une redécouverte exaltante à faire au dernier étage du Château.

Frédéric Lacaille,
Conservateur général au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.


Jean-Baptiste Belley, député de Saint-Domingue, par Anne-Louis Girodet, 1797. © RMN-GP (château de Versailles) / Gérard Blot.

De la Révolution au début de l’Empire

Remis en question par les transformations des lieux, le circuit de visite – mêlant scènes historiques et portraits, peints et sculptés – reprend le principe chronologique des Galeries historiques. Il commence par la Révolution, avec David, à travers la toile inachevée et fragmentaire du Serment du Jeu de Paume, le 20 juin 1789, et Marat assassiné. Il se poursuit avec l’évocation de la fulgurante ascension de Napoléon Bonaparte jusqu’au Consulat (1799-1804), en passant par les campagnes d’Italie et d’Égypte (1796-1801). Après le « pont des Soupirs » qui enjambe la voussure de la salle du Sacre, s’annonce l’Empire (1804-1814/15), qui continue de se dérouler tout au long de l’attique du Midi, jusqu’à l’escalier de Provence1. Une place particulière a été donnée à la sculpture, avec une trentaine de nouveaux bustes exposés.

Les « vedettes » de l’attique Chimay restent Le Serment du Jeu de Paume (1790-1791) et Marat assassiné (1793) de David, ainsi que Bonaparte au pont d’Arcole de Gros (1796), et le portrait du député Jean-Baptiste Belley de Girodet (1797). Citons également les bustes de La Fayette par Houdon (1790) et de Desaix par Chinard (1800-1808).

1. Ces espaces, ouverts en 1970 et légèrement modifiés dans les années 80, n’ont pas été touchés par les travaux récents.


À FAIRE

La visite virtuelle des attiques Chimay et du Midi : petits et moyens formats de la collection napoléonienne du château de Versailles


La plus grande collection napoléonienne au monde

Depuis la création des Galeries historiques, en 1834-1837, le château de Versailles conserve la plus importante collection de peintures et sculptures napoléoniennes au monde. C’est aussi la plus prestigieuse, la plupart des œuvres provenant des commandes que l’Empereur lui-même passa aux artistes.

En dehors des Pestiférés de Jaffa de Gros et de l’exemplaire original du Sacre de Napoléon de David – partis au Louvre en 1848 et 1889 –, toutes ces œuvres sont encore dans nos murs. Elles se répartissent entre la salle du Sacre, la galerie des Batailles, les salles du Consulat et de l’Empire, au rez-de-chaussée de l’aile du Midi (grands formats), et les salles des attiques Chimay et du Midi (moyens et petits formats).

Pour l’exposition « Napoléon », qui marque le bicentenaire de la mort de l’Empereur à la Grande Halle de la Villette (juin-septembre 2021), le château de Versailles est ainsi, avec le musée de l’Armée, le plus généreux prêteur. Une quarantaine d’œuvres de ses collections sont présentées, dont certaines très emblématiques, voire iconiques : plusieurs tableaux du baron Lejeune – Le passage du pont de Lodi, La Bataille des Pyramides, le Bivouac à la veille de la bataille d’Austerlitz, L’Assaut du monastère de San Engracia à Saragosse, La Bataille de la Moskowa –, une voiture du cortège du mariage de l’Empereur avec Marie-Louise, le portrait de Napoléon en costume de sacre ou sa statue par Vela.


© Château de Versailles / Didier Saulnier.

À VOIR

L'attique Chimay,
cet été, exceptionnellement ouvert
 à la visite libre, le samedi et le dimanche, ainsi qu'à la visite guidée : « Attique Chimay, Napoléon de la Révolution à l'Empire » : réservation en ligne ou par téléphone au 01 30 83 78 00.


À LIRE

Le guide officiel de visite Napoléon à Versailles, disponible en boutique.

MOTS-CLÉS