Au Hameau
des merveilles

Ce drôle et tendre bestiaire aurait certainement séduit Marie-Antoinette. Comme une variation – nourrie du passage d’un Lewis Carroll ou du surréalisme – du rêve champêtre de la Reine. Les sculptures des Lalanne investissent cet été son territoire.

Les moutons des Lalanne devant la maison de la Reine. © château de Versailles / Thomas Garnier.

Comme toujours, Versailles invente pour nous…
Par un glacial après-midi de mars, il était question, avec Jean-Gabriel Mitterrand, de la tristesse des temps pour le château de Versailles, réduit au silence seulement rompu, dans les jardins, par le chant des oiseaux. Il faudrait, au moment de la réouverture tant attendue des grilles, de la légèreté, de l’inattendu, comme un brin d’improvisation. Tout ce qu’on imaginait déjà au XVIIIe siècle pour desserrer d’autres carcans, oublier d’autres rigueurs.

Des « Lalanne », du nom de ce couple mythique dans les années 1960-70

Jean-Gabriel Mitterrand, galeriste et ami intime des sculpteurs Claude (1925-2019) et François-Xavier (1927-2008) Lalanne, eut alors cette idée : « Pourquoi pas le troupeau des moutons de François au hameau de la Reine ? » Oui, pourquoi pas ?

Lapin à Vent, par François-Xavier Lalanne, 2020, dans le Jardin français. @ Galerie Mitterand / Capucine de Chabaneix.

Ces deux designers – pour reprendre la terminologie acclimatée d’Angleterre dans les années 1750 – étaient si inclassables qu’ils avaient décidé de définir leur travail entre objets et sculptures par leur patronyme : « Ce sont des Lalanne. » Mais ces Lalanne, qui aiment la mythologie et les jeux d’esprit, peuvent faire écho au goût français du XVIIIe dans le plus romanesque des jardins.

Banquette crocodile, par Claude Lalanne, 2006, dans le Pavillon Français. © château de Versailles / Didier Saulnier.

Association de formes pour lui, moulages pour elle, mélange de fantaisie et de techniques, animaux incongrus, plantes étonnantes se sont posés, le temps d’un été, entre le Petit Trianon et le hameau de la Reine, tel un divertissement prêté au domaine de Marie-Antoinette. Un lapin à vent, une carpe dorée, une tortue topiaire, un singe attentif… Ce bestiaire mêlant raffinement et calembours évoque la nature et le naturel que la Reine voulait retrouver dans des interstices de liberté dérobés à l’étiquette. Ils rendent hommage à cette douceur de vivre que regrettait Talleyrand, mais avec les éclats de rire de Sofia Coppola.

Wapiti, par François-Xavier Lalanne, 1996, avec la maison de la Reine en arrière-plan, restaurée grâce au mécénat de la maison Dior. © château de Versailles / Didier Saulnier.

Nouveau soutien de la maison Dior

Les filles de François-Xavier Lalanne – Dorothée Lalanne, Caroline Hamisky, Valerie Kling et Marie Elfmann – ont permis que soit mis en œuvre, dans l’urgence, ce projet. La maison Dior, par son soutien, a permis sa réalisation, exprimant une double fidélité : aux Lalanne et au château de Versailles. François-Xavier Lalanne avait, en effet, réalisé des décors pour la première boutique de Christian Dior, avenue Montaigne, dans les années 1950. Claude Lalanne créa des bijoux pour une collection de 2017. Mécène de la restauration de la maison de la Reine, qui était fermée depuis 1848, Dior en a permis la réouverture au public en 2018.

Après ces longs mois endoloris et confinés, il nous est apparu que les visiteurs de Versailles, aimantés par ces jardins de Trianon, aimeraient les redécouvrir cet été en une déambulation bucolique et joyeuse.

Catherine Pégard,
Présidente de l’Établissement public du château,
du musée et du domaine national de Versailles.

En collaboration avec la Galerie Mitterrand

Pomme, par Claude Lalanne, 2006. © château de Versailles / Didier Saulnier.


À VOIR :

Les Lalanne à Trianon
Du 19 juin au 7 novembre 2021
Exposition en plein air au domaine de Trianon

Tous les jours, sauf le lundi, de 12 heures à 19 heures (dernière admission à 18 heures)

Tarif : 12 € (tarif normal) / 8 € (tarif réduit)
Gratuit pour les moins de 26 ans résident de l'UE (moins de 18 ans pour les résidents hors UE)

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