Marc Mauillon,
chanteur tout terrain

Une diction perlée, un timbre singulier, une sensibilité joyeuse caractérisent Marc Mauillon. Avec Château de Versailles Spectacles qui l’accueille régulièrement, le chanteur vient d’enregistrer plusieurs disques.  

Portrait de Marc Mauillon. © Inanis.

Ces derniers mois, vous avez passé le plus clair de votre temps au château de Versailles, pour enregistrer. 

Marc Mauillon : Oui, j’osais même me plaindre d’être fatigué ! Un luxe en ces temps de disette… Avec le label Château de Versailles Spectacles, Laurent Brunner crée des opportunités rares pour nous, musiciens en mal de public. En janvier, nous enregistrions l’opéra-ballet Le Destin du nouveau siècle de Campra sous la direction de Patrick Bismuth, en mars, l’opéra Egisto de Cavalli avec Vincent Dumestre, et Miserere, le deuxième volet d’une intégrale des grands motets de Lully, avec Stéphane Fuget. Il y a aussi eu la captation des Grands Motets de Charpentier avec Les Arts Florissants et William Christie… Chaque projet fait entrer mieux en relation avec le lieu et ceux qui nous y accueillent, plusieurs jours de suite. On se salue, on se reconnaît, on échange quelques mots. Je me sens toujours privilégié d’être là, dans ce château où la magie opère invariablement, quand bien même s’installe une certaine familiarité. Retrouver l’acoustique de la Chapelle royale, c’est comme revoir une vieille copine.

Comment êtes-vous devenu chanteur ?

M.M : Mes parents ne pratiquaient pas d’instrument, mais ils nous ont beaucoup encouragés, ma sœur et moi, à devenir musiciens professionnels. Je dois à peu près tout à mes professeurs d’école de musique : ce sont eux qui ont allumé l’étincelle. C’est grâce à l’école de musique de Montbéliard que j’ai découvert la musique ancienne et que j’ai pu auditionner pour participer à mon tout premier opéra, à l’âge de 10 ans. Pendant toute ma scolarité, je n’avais qu’une hâte, c’était me consacrer uniquement à la musique. Entrer au CNSM de Paris, c’était le rêve absolu : à 20 ans, j’avais une telle soif de rencontrer des gens avec le même degré de passion pour la musique ! Là, j’ai rencontré des professeurs remarquables qui m’ont donné une boîte à outils incroyable. En deuxième année, j’ai été recruté au Jardin des Voix de William Christie. Une expérience très forte qui a joué comme révélateur pour moi. Monter sur scène est devenu un sacerdoce : c’était presque une question de vie ou de mort.

On vous a désigné comme un chanteur « tout terrain » : est-ce parce que vous ne négligez aucun répertoire ?

M.M : Ma curiosité et mon enthousiasme me poussent à explorer des projets très variés, de la musique médiévale au contemporain, en passant par le baroque. Mais ce n’est pas qu’une question de répertoire. On me dit baryton, mais ma voix me permet d’embrasser des tessitures différentes. Mon profil est donc un peu difficile à cerner. En contrepartie, lorsque l’on me veut sur un projet, on ne veut pas « un baryton » ou « un ténor » : on me veut moi. Je suis « tout terrain », aussi, parce que j’aime autant les opéras que les concerts. Jouer un rôle de méchant à l’opéra, essayer d’aimer son rôle, j’adore ça. Faire partie de cette aventure gigantesque, côtoyer les équipes techniques, maquillage, costume, régie, machinerie, éclairage… ces indispensables métiers de l’ombre, vivre dans cette effervescence pendant un mois, c’est incroyable. Mais j’ai aussi besoin du concert pour revenir au cœur de la musique. J’ai besoin du récital qui offre un contact direct avec le public et toute cette émotion qui naît lorsque l’on sait que les gens se déplacent pour vous voir, vous. Enfin, je dirais que je suis « tout terrain » parce que je m’efforce d’être facile à vivre. Dans la musique, on travaille sur des productions où les interactions entre les différents métiers peuvent parfois être compliquées, avec des personnalités très fortes. Mais moi, je ne crie pas, je chante.

Propos recueillis par Clotilde Nouailhat.

Marc Mauillon dans les Grands Motets de Charpentier. © DR / Les Arts Florissants.

 


À ÉCOUTER

Enregistré dans la grande salle des Croisades de Versailles, le 16 janvier 2021 :

Le Destin du nouveau siècle
André Campra (1660 – 1744)

Marc Mauillon, Mars, Saturne

Chantres du Centre de musique baroque de Versailles
Ensemble La Tempesta
Patrick Bismuth, direction

Livret en  français, anglais et allemand
Durée : 53 minutes

À commander sur la boutique en ligne de Château de Versailles Spectacles


Et retrouvez toute la programmation de Château de Versailles Spectacles :

https://www.chateauversailles-spectacles.fr/programmation/1

 

 

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