magazine du château de versailles

La vie retrouvée

Les clichés ont la peau dure. Si l’archéologie reste souvent
dans l’imaginaire collectif l’apanage des Indiana Jones en partance
pour des pays lointains, cette discipline s’exerce aussi sur nos territoires.
À Versailles comme à Marly, des spécialistes sont depuis une vingtaine d’années à la recherche d’une vie perdue dans les sols du domaine royal. Un Versailles underground inédit présenté du 1er octobre 2016 au 5 février 2017 au Musée-Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes.

Vestige de la Grande cascade, sous le Tapis vert, à Marly. © EPV / Christian Milet

Fouilles archéologiques du 3e pavillon du Levant, à Marly : fondations. © EPV / Didier Saulnier

Depuis 1990, des fouilles archéologiques sont réalisées dans le domaine de Versailles et plus récemment dans celui de Marly qui lui a été rattaché en 2009. Menés en amont d’aménagements ou dans une perspective d’étude, les chantiers archéologiques se déploient au pied du Château ou à l’abri des regards au cœur des jardins. Le spectre des découvertes est large, allant du gros-œuvre aux menus objets égarés. L’exposition, qui s’ouvre cet automne au Musée-Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes, présente environ 200 objets mis au jour lors des chantiers archéologiques, réalisés sur les domaines de Versailles, Trianon et Marly. De la pipe en terre aux éléments de rocaillage des fontaines, du dé à jouer d’un garde suisse à la fontaine filtrante de Louis-Philippe, tous ces éléments sont de précieux témoins de l’histoire des lieux.

Ensemble de pièces de faïence à décor bleu et blanc (aiguières, pots de chambre, plat et assiette) découvert dans la fosse d’aisances du 3e pavillon du Levant (ou d’un pavillon des invités) à Marly, fin du XVIIe siècle et début du XVIIIe siècle. © EPV / Didier Saulnier

À la fois fragile et résistante, la céramique tient une place particulière en archéologie. Elle est omniprésente et est utilisée autant pour les pièces communes que pour celles de qualité : un bel ensemble de faïences à décor bleu et blanc a été révélé par la fouille d’un pavillon des invités à Marly. Leur découverte rappelle que les manufactures de Rouen, de Saint-Cloud et de Hollande fournissent les Maisons royales en pièces raffinées aux décors chinoisants ou de lambrequins. Grâce à une marque portée sur un tesson, Marie-Laure de Rochebrune, conservateur en chef au château de Versailles, a identifié l’auteur du plat à décor chinois, Lambertus Cleffius, qui dirigeait la manufacture du Pot de métal à Delft en Hollande, entre 1672 et 1691.

Fibules, boucles d’oreille, bagues, boucles de ceinture et perles, VIe siècle, argent, alliage cuivreux, grenat, verroterie, révélés sur le site du Grand Commun. © EPV / Christian Milet

À Versailles, le champ d’étude de l’archéologie ne se limite pas à la période moderne. La fouille archéologique réalisée dans la cour du Grand Commun du Château a mis au jour une nécropole mérovingienne dont les sépultures ont dévoilé bijoux, fibules et perles. Ces vestiges nous rappellent que la présence humaine et son industrie se sont développées à Versailles, bien avant qu’il ne devienne Versailles.

Géraldine Chopin,
directrice du Musée-Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes

 

Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°10 (octobre 2015 – mars 2016).


COMMISSARIAT

Géraldine Chopin, directrice du Musée-Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes
Annick Heitzmann, chargée de recherche en archéologie, Centre de recherche du château de Versailles


INFORMATIONS PRATIQUES

Exposition « La vie retrouvée à Marly et à Versailles, 25 années d’archéologie royale »
Du 1er octobre 2016 au 5 février 2017
Musée Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes


AUTOUR DE L’EXPOSITION

Colloque « 25 années d’archéologie royale (1990-2015) », du 6 au 8 octobre 2016 à l’auditorium du château de Versailles

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