Quinze tableaux de la galerie des Cotelle, au Grand Trianon, demandent
une restauration urgente. Regard sur cet « album » extraordinaire qui,
au-delà de ses qualités picturales, constitue un témoignage unique
sur les jardins et les bosquets – pour certains disparus –,
à l’époque de Louis XIV.
Galerie des Cotelle. © EPV / Droits réservés
La collection de peintures de la galerie nord du Grand Trianon, dite des Cotelle, est tout entière consacrée à l’évocation des jardins du Roi-Soleil. Commandés en 1688 par Louis XIV pour renforcer l’atmosphère végétale qui règne sur ce lieu, les vingt-quatre tableaux que compose cette collection représentent en effet chacun les parterres, bosquets et jardins du domaine de Versailles et de Trianon. Vingt et une de ces peintures sont l’œuvre de Jean Cotelle, deux sont d’Antoine Allegrain et une de Jean-Baptiste Martin l’Aîné.
Le bosquet de la Colonnade avec Apollon servi par les nymphes, par Jean Cotelle, avant 1690, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Alors que ces deux derniers animent leurs œuvres de personnages de la cour habillés en costumes contemporains, Jean Cotelle, rompu à la peinture d’histoire, accompagne chaque vue topographique peinte avec précision, d’un sujet mythologique ou littéraire présenté au premier plan. La légèreté et la sensualité qui se dégagent de ce cortège surgi des métamorphoses d’Ovide dialoguent avec la très grande précision de la représentation des bosquets.
Au-delà de ses qualités esthétiques indéniables, cet ensemble unique et précieux se mue ainsi en un extraordinaire livre d’images, exact et minutieux, des bosquets, bassins et fontaines, dont certains ont aujourd’hui disparu ou ont été transformés. Ces imposants tableaux sont alors, parfois, la seule trace de ce qu’était le parc de Versailles au temps de Louis XIV et un biais privilégié pour faire revivre les grandes inventions décoratives réalisées par Le Nôtre pour le Roi. C’est ainsi que le visiteur de la galerie des Cotelle peut découvrir l’aspect de l’énigmatique bosquet du Labyrinthe disparu depuis 1775, ou encore du bosquet de l’Etoile, modifié dès 1706 par Jules Hardouin-Mansart, qui n’est plus aujourd’hui qu’une pelouse circulaire.
Elsa Martin
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°6 (octobre 2014 – mars 2015).
Vue du bosquet des Trois-Fontaines avec Vénus et les nymphes, par Jean Cotelle, 1688-1693, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Une mémoire à sauver !
L’ensemble inestimable constitué par ces toiles représentant les jardins de Louis XIV est aujourd’hui fragilisé. Les peintures montrent des faiblesses importantes. Car si ces œuvres sont restées en place jusqu’au Premier Empire, elles ont été depuis maintes fois déplacées, modifiées dans leur format et parfois même pliées. Ce n’est qu’en 1913 qu’elles retrouvent leur emplacement d’origine, non sans avoir souffert de tous ces mouvements. L’état de conservation général est aujourd’hui assez médiocre et laisse notamment apercevoir nombre de repeints et autres altérations de la toile. Sur les 24 tableaux de la Galerie, 15 requièrent une restauration fondamentale urgente du support et de la couche picturale. Celle-ci est confiée à des restaurateurs spécialisés. Ils travaillent au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), sous la direction de Béatrice Sarrazin, conservateur du château de Versailles en charge de la collection de peinture du XVIIe siècle.
À VOIR
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Pour vous conseiller : Serena Gavazzi, Raphaëlle Hubin et Clara Savouré
Par téléphone : 01 30 83 77 04
Par E-mail : serenagavazzi@chateauversailles.fr
