magazine du château de versailles

Les Jardins
au fil des jours

Pendant un an, Hervé Ternisien, photographe, a arpenté les jardins
de Versailles. Un livre consacre son travail autour d’un même format :
un rectangle allongé, fenêtre panoramique
sur l’ordre végétal de Versailles.

Le Temple de l’Amour : L’Amour taillant son arc dans la massue d’Hercule, d’Edme Bouchardon. © Hervé Ternisien

Le paysagiste Michel Corajoud, premier lauréat du prix André Le Nôtre en 2013, a pu dire que « le paysage, est l’endroit où le ciel et la terre se rencontrent ». L’ouvrage du photographe Hervé Ternisien dans les jardins versaillais en est une illustration. Grâce à un très large format à l’italienne, une composition en dytiques et une progression de page en page au rythme des saisons, le photographe prend acte de cette lumière qui ne cesse de changer, diffracte ses rayons sur l’ordre végétal et statuaire, se reflète dans les plans d’eau. Mais plus qu’une vue d’ensemble des perspectives des Jardins, Hervé Ternisien propose une promenade et un voyage dans le temps. On change d’échelle : de l’immensité du domaine, on passe à des infinités de détails.

L’Eau, de Pierre Legros. © Hervé Ternisien

L’eau se révèle aussi chorégraphique et photogénique, dans tous ses états. La pluie, qu’on aime peu lorsqu’elle s’abat sur nous, révèle ici la force des jets des fontaines. Les vapeurs de la condensation au-dessus du bassin du géant de L’Encelade rappelle les dernières cendres d’un volcan en train de s’éteindre. Une goutte d’eau qui perle du pouce de la Garonne et un amour, œuvre en bronze d’Antoine Coysevox et Balthasar Keller (1785-1788), anime tout d’un coup la personnification du fleuve – elle ressemble à une larme. Une année de marche, de déambulations patientes, sembleront peut-être beaucoup à certains. C’est finalement peu pour restituer la vie de ces jardins sédimentés par l’histoire et changeant au couleurs du temps.

Victor Guégan

Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°6 (octobre 2014 – mars 2015).


« Un jour, les jardins de Versailles sont entrés dans la vie d’Hervé Ternisien et, pendant deux années, ils ne l’ont plus quitté. Après tant d’autres, Hervé Ternisien découvre que le château de Versailles ne se donne pas, que le parfait ordonnancement des perspectives voulu par Le Nôtre recèle d’infinies complexités, que Versailles est un tout qui ne peut se simplifier. Il n’est pas étonnant que Louis XIV ait voulu en être le guide, prenant le soin d’écrire lui-même ‹ la manière de montrer les jardins ›. Il livre ainsi les clés des salons de verdure qui comptent autant pour lui que ceux du château. Encore faut-il que le visiteur d’aujourd’hui se forge sa propre vision, avec ses partis pris, ses abandons, ses fantasmes. »

Extrait de la préface du livre par Catherine Pégard,
présidente du château de Versailles

Vénus à la coquille, d’Antoine Coysevox. © Hervé Ternisien


À LIRE

Les Jardins de Versailles, Hervé Ternisien

Coédition Château de Versailles / Albin Michel, 2014,
36 x 25,5 cm, 240 p., plus de 200 photographies,
59 € (prix de lancement) / 69 €


À VOIR

Le château de Versailles, en partenariat avec Aéroports de Paris, propose un accrochage d’une sélection de ces photographies en grand format du 27 octobre au 24 novembre 2014 dans les terminaux des aéroports d’Orly et de Roissy Charles de Gaulle.

mot-clés

partagez

à lire également