Connue dans le cadre des édifices bâtis, l’archéologie a également
son intérêt pour les jardins dont elle peut révéler des secrets.
La restauration du parterre du Midi a ainsi commencé par des fouilles.

Le parterre du Midi durant les fouilles archéologiques qui ont eu lieu en 2024. © Flore Giraud / Inrap
Cette restauration devant affecter les niveaux plus anciens du parterre du Midi, les services régionaux de l’Archéologie d’Île-de-France ont décidé de prescrire une fouille préventive. Fin 2023, des archéologues ont donc procédé à l’enlèvement méticuleux des terres végétales récentes au moyen de pelles mécaniques, et ont parallèlement lancé un nettoyage manuel de l’ensemble des surfaces.

Le parterre du Midi durant les fouilles archéologiques qui ont eu lieu en 2024. © Flore Giraud / Inrap
Trous de mémoire
Sous un niveau de recouvrement d’une trentaine de centimètres seulement, les huit empiècements composant les deux compartiments du parterre – soit environ cinq mille mètres carrés de terrain – ont livré plus de mille deux cents vestiges archéologiques, attribuables aux états qui se sont succédé entre le XVIIe et le XXe siècle. De formes circulaires, carrées, en arabesque ou foliacées, les fosses de plantation sont apparues sous la forme de dessins plus foncés sur un sédiment brun clair. Leurs comblements passés, aux couleurs hétérogènes, permettront sans doute d’associer ces vestiges à des phases chronologiques distinctes.
Des sondages plus profonds ont été réalisés à l’emplacement des topiaires. Le parterre du Midi s’avère être une véritable construction, fruit d’importants terrassements et apports de terre qui n’a connu aucun équivalent depuis. Par ailleurs, des milliers de tessons de céramique et de verre, ainsi que des pipes en terre cuite – relatifs aux différentes phases d’aménagements de cette terrasse – ont été dégagés.
Intérêt scientifique et patrimonial
L’analyse des données collectées a débuté. Elle nécessitera une rigoureuse confrontation des différents types de documentation (données archéologiques, archives écrites, plans, dessins, iconographie) pour tenter de comprendre mieux encore l’évolution, étape par étape, de ces illustres jardins. L’intérêt est scientifique et patrimonial. Si l’archéologie des jardins se pratique en France depuis les années 1990 (Chambord, Chantilly, par exemple), elle est encore peu mise en œuvre. Il faut se tourner vers la Grande-Bretagne et le château royal de Hampton Court pour trouver des exemples extensifs de fouilles de jardins princiers de la période moderne.
Séverine Hurard,
archéologue, ingénieure de recherche à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, spécialiste de l’archéologie des sociétés modernes et contemporaines
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°26 (avril – septembre 2025).