En 1875, la construction de l’hémicycle et de ses dépendances dans l’aile du Midi s’accompagne de la création d’un appartement de réception pour le président du Congrès. Il est exceptionnellement ouvert à la visite libre jusqu’à fin septembre.

Entrée dans l’appartement du président du Congrès depuis la salle Marengo, au château de Versailles. © EPV / Thomas Garnier
Tout au bout de l’aile du Midi, on ne devine pas la présence d’un logement dans le pavillon dit de Provence. Aménagé par Edmond de Joly, l’architecte de la Chambre des députés, il servit à celui qui présidait aux destinées des nouvelles assemblées, nées des lois constitutionnelles de cette année anniversaire que nous célébrons ces temps-ci.
Un appartement de la Cour pour le président du Congrès
À la veille de la Révolution, il était occupé par le comte de Provence, et la comtesse à l’étage au-dessous. Le frère cadet de Louis XVI et son épouse avaient, en effet, été délogés en 1787 des appartements du Dauphin et de la Dauphine par l’arrivée à l’âge de raison des enfants de France, Madame Royale et le dauphin, qui rejoignaient leurs parents dans la partie centrale du château. Ces deux appartements de l’extrémité de l’aile du Midi furent transformés sous Louis-Philippe dans le cadre de l’aménagement des Galeries historiques : celui de la comtesse pour exposer les marines et celui du comte utilisé comme magasin de tableaux où transitaient les œuvres entrantes et sortantes.

Salles du Congrès à Versailles, le grand salon de réception, photographie de l’agence de presse Meurisse, 1913, Paris, Bibliothèque nationale de France. © Paris, Bibliothèque nationale de France (BnF) / Département estampes et photographie
Décor de style
Plutôt que de remployer des boiseries anciennes, Joly fit faire pour les pièces de réception un nouveau décor de style, en plâtre moulé et stuc : néo-Louis XV dans les trois salons en enfilade donnant sur l’orangerie, et néo-Louis XIV dans la salle à manger, à l’arrière, sur la cour. Quelques photographies montrent un ameublement mêlant tapisseries des Gobelins, meubles de style et quelques sièges confortables, et tapis-moquettes à ramages fleuris : une ambiance cossue très « fin de siècle », mise en œuvre par le Mobilier national. Les pièces à vivre se trouvaient à l’étage inférieur.
Servant de cabinet de travail, le premier salon était aussi connu sous le nom de « bureau de l’Investiture », en raison de son rôle lors de l’élection du président de la République. Entre 1879 et 1953, c’est là, en effet, que celui-ci était accueilli par le président du Congrès pour recevoir solennellement le procès-verbal du vote.
Une galerie de portraits évoquant la vie parlementaire
Toujours utilisé en cas de réunion du Congrès, mais restitué par l’Assemblée nationale en 2005 au château de Versailles, cet appartement n’a jamais vraiment été étudié et garde un peu de son mystère. L’on aimerait notamment savoir qui l’habita entre 1875 et 1879, quand les assemblées repartirent pour Paris. Traditionnellement désigné comme appartement du président de l’Assemblée nationale, il était plutôt décrit, sous la IIIe République, comme celui du président du Congrès.

Portraits d’Henri-Alexandre Wallon et Jules Grévy dans l’appartement du président du Congrès. © EPV / Didier Saulnier
Cette année, faute d’avoir pu faire revenir le mobilier d’origine, nous avons mis en place dans les salons les portraits des collections du château de la plupart des présidents de la IIIe République, ainsi que de quelques présidents du Conseil ou des assemblées. Ce nouvel accrochage donne un aperçu singulier de la vie parlementaire, illustrée par de bons artistes officiels du temps : Léon Bonnat, Jules Bastien-Lepage ou Marcel Baschet, Jean Carriès, Henri Chapu, Denys Puech ou Paul Landowski.
Frédéric Lacaille,
conservateur général au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°26 (avril – septembre 2025).
L’Élysée à la campagne
Au Grand Trianon, c’est une aile complète qui échappe aux regards, visible en contournant la galerie dite des Cotelle. Ces appartements réaménagés par le général de Gaulle sont, dans le cadre des cent cinquante ans de la IIIe République, également ouverts le week-end au public.
C’est sous la plume de la Princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV, qu’apparaît l’appellation « Trianon-sous-Bois » lorsqu’elle décrit, dans ses lettres, les frondaisons des arbres pénétrant ses fenêtres. Là, dans les années 1960, sont entrepris d’importants travaux de restauration et de modernisation pour en faire une résidence présidentielle privée, dans un cadre champêtre et à proximité de Paris.

Vue du Grand Trianon avec, au premier plan, l’aile de Trianon-sous-Bois. © EPV / Thomas Garnier
Pour cela, l’Élysée recourt aux services du Mobilier national et du décorateur Serge Royaux. Pour les bureaux et les salons du rez-de-chaussée sont choisis des meubles Empire en acajou ou en bois doré et des textiles colorés, notamment des velours gaufrés. À l’étage, les chambres sont égayées de toiles imprimées plus légères. Au sous-sol, des cuisines ultra-modernes pour l’époque permettent de recevoir un grand nombre de convives lors de somptueuses réceptions données, notamment, en l’honneur de la reine d’Angleterre (1972), Jimmy Carter (1978) ou Boris Eltsine (1992).
À VOIR
La salle du Congrès et l’appartement du président du Congrès
Horaires : tous les week-ends et jours fériés, en visite libre et en visite guidée,
de 10 h à 18 h 30. La semaine, en visite guidée.
L’aile de Trianon-sous-Bois, au Grand Trianon
Horaires : tous les week-ends, en visite libre et en visite guidée, de 12 h à 18 h 30.
La semaine, en visite guidée.
Billets : la salle du Congrès est accessible avec le billet Passeport, le billet Château,
ainsi que pour les bénéficiaires de la gratuité. Réservation horaire obligatoire.
L’aile de Trianon-sous-Bois est accessible avec le billet Domaine de Trianon.
Le domaine de Versailles est accessible gratuitement et en illimité avec la carte
« 1 an à Versailles ».
AUTOUR DE L’ÉVÉNEMENT
Des visites guidées sur réservation par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne.
Une visite théâtralisée en famille.
Un procès fictif pour les étudiants et jeunes adultes.
Un parcours audio à télécharger gratuitement sur l’application mobile.
Deux vidéos sur la République au château et comment celui-ci est devenu un lieu républicain, disponibles sur le site internet et la chaîne YouTube du château de Versailles.
Une programmation spécifique pour les abonnés « 1 an à Versailles ».
POUR EN SAVOIR PLUS
Un colloque sur la République à Versailles, le 4 juin, gratuit et ouvert à tous,
dans la salle du Congrès. Informations et inscriptions sur le site du château.
Un partenariat avec LCP-Assemblée nationale pour les vingt-cinq ans de sa création.
Deux programmes courts multidiffusés sur LCP et disponibles sur lcp.fr ainsi que sur la chaîne YouTube de LCP narrent l’histoire de ces événements et de ces lieux qui continuent d’abriter les réunions du Congrès.
Pour les Journées européennes du patrimoine, les 20 et 21 septembre prochain, la salle du Congrès et l’appartement du président du Congrès seront ouverts gratuitement ainsi que les salles Empire adjacentes.