Plusieurs toiles d’Élisabeth Vigée-Lebrun conservées à Versailles,
ont rejoint la grande rétrospective qui lui est consacrée au Grand Palais. L’exposition voyagera ensuite au musée des Beaux-Arts du Canada (Ottawa) puis au Met (New York). Nous avons rencontré Frédéric Lacaille, conservateur, pour mieux connaître ces voyages sous haute surveillance.
Transport de l’œuvre Marie-Antoinette, reine de France, et ses enfants, par Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun. © EPV / Didier Saulnier
Chaque année, 200 à 300 objets tirés des collections vont enrichir des expositions, devenant les ambassadeurs de Versailles dans le monde entier. Dans certains cas, c’est un moyen de montrer des œuvres qui habituellement sont entreposées dans nos réserves. Ce peut être aussi un acte de solidarité d’un grand musée envers d’autres plus petits. Dans tous ces cas, un prêt comme celui des Vigée-Lebrun, en particulier de Marie-Antoinette et ses enfants, qui n’avait jamais quitté le territoire national, ne peut voyager sans avoir franchi, avec succès, une longue et exigeante procédure.
L’emprunteur envoie tout d’abord une demande de prêt à l’établissement. Le dossier est transmis au(x) conservateur(s) concerné(s), la pertinence de la proposition est étudiée et les questions suivantes sont posées : Quelle est la qualité du projet d’exposition ? L’œuvre est-elle en état d’être montrée ? L’œuvre est-elle transportable ? Nécessite-t-elle une restauration ? Si oui, les frais peuvent être partagés entre le prêteur et l’emprunteur. En ce sens, les prêts constituent un argument supplémentaire à la restauration d’une œuvre, afin de lui permettre de voyager dans les meilleures conditions.
Il faut ensuite estimer ce qui parfois n’a pas de prix. Les conservateurs fixent la valeur d’assurance de l’œuvre en fonction de sa rareté, de son intérêt historique, de son état et des prix du marché. Des conservateurs d’autres musées peuvent être consultés.
La demande de prêt est examinée par la commission des prêts et dépôts du service des Musées de France, appartenant à la direction générale des Patrimoines. Celle-ci évalue l’intérêt scientifique et culturel du projet, apprécie la transportabilité des œuvres et s’assure que le lieu d’accueil est bien à la norme musée et que le temps d’exposition est compatible avec les œuvres montrées. La commission a aussi compétence pour émettre un avis défavorable à une sortie d’œuvre.
Marie-Antoinette, reine de France, et ses enfants, par Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun. © EPV / Didier Saulnier
Les techniciens fourbissent leur matériel. Les transporteurs du prêteur contactent la régie des œuvres pour faire un « aller-voir », une visite préalable destinée à s’entendre sur les conditions techniques de conditionnement et de transport.
Une fois que les deux établissements se sont mis d’accord, un convoyeur appartenant à l’équipe de la Conservation de Versailles établit un constat d’état lors de la mise en caisse puis s’embarque, en camion ou en avion, pour convoyer l’œuvre. Pour l’exposition Napoléon et le Louvre au musée historique d’État, à Moscou, notre conservateur convoyeur a passé 3 jours de voyage en camion sur les routes, avec un passage en bateau par la mer Baltique.
Lorsque l’œuvre parvient à destination, on effectue un constat d’état à l’ouverture des caisses. Puis le convoyeur surveille de près l’installation. Pour le retour à Versailles, la même procédure est mise en œuvre.
Propos recueillis par François Appas auprès de Frédéric Lacaille,
conservateur chargé de la coordination des prêts
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°8 (octobre 2015 – mars 2016).
À VOIR
Exposition « Élisabeth Louise Vigée-Lebrun. 1755-1842 »
Jusqu’au 11 Janvier 2016
RMN Grand Palais, Galeries nationales
3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Horaires : mercredi de 10 h à 22 h, les autres jours de 10 h à 20 h
Fermée le mardi et le 25 décembre
Tarifs : Plein tarif : 13 € / Tarif réduit : 9 €
AU CHÂTEAU DE VERSAILLES
Pendant la durée de ces prêts, certaines œuvres de Vigée-Lebrun restent exposées au château de Versailles et au Petit Trianon.
