À l’occasion de l’exposition « 18e, aux sources du design », le Château
a lancé un concours de design invitant les étudiants et designers
professionnels à réinventer la célèbre commode de Louis XIV dessinée
par André-Charles Boulle. Les Carnets vous dévoilent les lauréats
et s’entretiennent avec eux : Jeanne Talonneau dans la catégorie
« étudiants » et Vincent Coste, Jérôme Garzon et JBaptiste Sénéquier
dans la catégorie « designers professionnels ».
Pour quelle(s) raison(s) avez-vous concouru au concours de design Hack King’s Design ?
Jeanne Talonneau J’ai décidé de participer à ce concours par intérêt pour la 3D et pour avoir peut-être une chance d’imprimer ma création en vrai.
Vincent Coste, Jérôme Garzon et JBatiste Sénéquier Participer au concours Hack King’s Design représentait pour nous une sorte de récréation créative, un moyen d’envisager l’impression 3D autrement que par des maquettes.
Pouvez-vous décrire votre projet en quelques mots ?
J. T. C’est une banquette tout en légèreté qui propose un détournement de la forme d’André-Charles Boulle, en y apportant une nouvelle fonction : l’assise. L’idée est d’avoir un contraste entre une partie support filaire et une partie assise lisse, qui permet de s’asseoir plus confortablement. Le fil se resserre au niveau des pieds de la banquette pour une meilleure stabilité et s’effile au niveau de la partie supérieure ce qui permet d’alléger visuellement le mobilier. La banquette est composée de 2 éléments : le support et l’assise.
V. C., J. G. et JB. S. Ce projet c’est d’abord un dialogue, une conversation avec des logiciels dédiés à l’impression 3D. Nous avons extrait l’ornement de la commode et laissé le logiciel d’impression 3D l’interpréter. Son langage, l’algorithme, est destiné à générer des liaisons pour échafauder la pièce imprimable. Nous avons conversé avec lui et soumis plusieurs canevas de points à relier ; afin de l’encourager à formaliser un maximum de liaisons soudées et structurelles.
Comment les techniques de l’impression 3D ont-elles servi votre projet ?
J. T. L’idée de mon projet était de faire en sorte qu’il ne soit possible à faire qu’en impression 3D pour mettre en valeur l’utilisation de cette technique. Après la dématérialisation du meuble par l’intermédiaire du scan en 3D, mon projet permet de le réinscrire dans la réalité à travers l’impression 3D, seul moyen technique de le créer.
V. C., J. G. et JB. S. Le concept du meuble était la volonté d’arriver à un objet qui n’est réalisable qu’au travers de l’impression 3D. Nous sommes arrivés à une solution ou le logiciel et la machine nous a surpassé par la richesse des possibilités de paramétrage des logiciels. Ils sont d’habitude utilisés en amont de l’impression, mais bien après la conception et le dessin de la pièce. Pour le concours nous avons donc inversé une grande partie du processus de fabrication conventionnel en utilisant ces logiciels pour le dessin de l’objet. Puis nous avons poussé ces mêmes logiciels à générer un maximum de supports afin de créer une maille dense et structurante.
Comment avez-vous abordé l’œuvre d’André-Charles Boulle et quelle filiation avec le 18e retrouve-t-on dans votre création ?
J. T. J’ai abordé l’œuvre d’André- Charles Boulle comme une surface que j’ai par la suite réutilisé pour la forme de la banquette. Le fait d’avoir créé un «filet» ne permet pas d’identifier tous les éléments de la commode mais permet de recréer un minimum la forme inconsciemment par les courbes utilisées et surtout la présence des pieds.
V. C., J. G. et JB. S. André-Charles Boulle, représente pour nous l’ornementation. Une ornementation qui suit les lignes de la structure du meuble. Nous avons choisi de la réinterpréter avec l’œil de notre siècle et de faire de celle-ci la structure du meuble. Nous avons voulu ajouter à cette arborescence « néorocaille » un dégradé de couleur en cohésion avec les tons du meuble bronze et ébène.
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°7 (avril – septembre 2015).
Les créateurs d’aujourd’hui rendent hommage au génie d’André-Charles Boulle

Jury de présélection du concours « Hack King’s design ». © Droits réservés
Lancé le 10 décembre 2014, le concours « Hack King’s design » invitait les designers à se réapproprier le mobilier de l’époque en utilisant les techniques de modélisation et d’impression en 3D au maximum de leurs capacités actuelles. Une autre manière de montrer que le XVIIIe siècle continue d’influencer les créateurs d’aujourd’hui et de demain.
Après une présélection des meilleurs projets par un jury de grands noms de la création contemporaine, le public était invité à voter pour le projet gagnant dans chaque catégorie. Les deux lauréats nous livrent leur manière d’appréhender le mobilier du XVIIIe siècle et de se confronter au talent d’André-Charles Boulle. Le jury de présélection réuni le 22 janvier était composé de Catherine Pégard, Présidente du Château de Versailles, Patrick Hourcade, photographe et designer, Louis Benech, paysagiste, Erwan Bouroullec, designer, Jean Nouvel, architecte, Daniel Alcouffe, conservateur honoraire, Marie-Laure Jousset, conservateur honoraire, Jean-Michel Othoniel, artiste, Yves Carlier, conservateur au château de Versailles (absent de la photo). 4 projets ont été retenus pour chaque catégorie.
ÉDITION LIMITÉE : LA COMMODE BOULLE IMPRIMÉE EN 3D
En écho au concours « Hack King’s Design », le Château propose en exclusivité sur sa Boutique en ligne une reproduction en miniature de la commode d’André-Charles Boulle. Imprimée en trente exemplaires seulement, cet objet de collection a été réalisé grâce aux techniques d’impression 3D et à partir d’un fichier numérique obtenu après le scanner de l’original.

© EPV / Christian Milet
85 €
Matière : résine polyuréthane
Dimensions : L 13.5 cm x l 6.8 cm x h 8.9 cm
Poids : 500 g
Imprimée en France